Petite anatomie d’Internet : le web surfacique et le web invisible

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Internet est une entité beaucoup plus vaste que ce que l’on imagine, et la majorité d’entre nous reste à la surface des données existantes. Pourtant, sous l’espace visible, nous avons accès à d’autres Internets…

Le web invisible

Lorsque vous naviguez sur le web via Chrome ou Firefox, vous sillonnez sans le savoir le web surfacique, composé de tous les sites et de toutes les pages qui peuvent être trouvés par les moteurs de recherche (Google, Yahoo, Bing…).
Ce que vous ne voyez pas se cache dans une strate dissimulée du web abritant de nombreuses données non indexées, mais consultables toutefois par les internautes équipés d’un logiciel adéquat. Le logiciel le plus couramment utilisé est Tor, The Onion Router. Conçu en 1995 par le Laboratoire de recherche navale américaine, Tor est devenu le meilleur moyen pour les gouvernements de partager en toute sécurité leurs informations en ligne. Les données déposées sur le web grâce à Tor sont cryptées et envoyées vers de nombreux serveurs, rendant quasi-impossible la traçabilité de l’internaute émetteur. Seules les personnes possédant l’adresse web exacte du contenu peuvent y accéder.

Si le web invisible, également appelé web profond (ou deep web), peut être utilisé à mauvais escient, les journalistes qui parcourent les zones dangereuses en font un usage estimable, tout comme les organisations internationales qui souhaitent transmettre des informations sensibles.

Le web invisible s’avère également indispensable au bon fonctionnement de l’Internet surfacique puisqu’il regroupe de nombreuses pages sécurisées. Cela inclut notamment :

  • les pages protégées du web extérieur par des mots de passe
  • les pages nécessitant une inscription de la part de l’internaute

Nous interagissons régulièrement avec ces pages, par exemple lorsque nous consultons nos résultats de recherche sur des sites de type www.voyages-sncf.com.

Une parcelle du web invisible est donc parfaitement conforme aux lois, tandis qu’un second fragment échappe aux règles. Cette portion de web illégale porte le nom de dark web, ou web sombre. Tous les jours, des numéros de cartes bancaires obtenus par phishing dans le web surfacique sont revendus sur les sites du web sombre…

Le dark web, redoutable recoin du web invisible

Le web sombre ou dark web est une partie d’Internet qui existe sur les darknet, ces réseaux utilisant l’Internet public mais qui nécessitent des logiciels, des configurations ou des autorisations spécifiques pour y accéder.

Le web sombre renvoie vers des pages qui ne sont pas indexées par les moteurs de recherche et qui proposent des produits, transactions ou informations illégales. Cette zone du web grouille d’activités illicites telles que la pédopornographie, le trafic de drogue et d’armes, ou encore la mise en contact avec des terroristes. Le cryptage des identités dans cette partie d’Internet rend la traque des criminels difficile, mais pas impossible… Une des plus grandes arrestations fut celle de Ross Ulbricht en 2015, condamné pour avoir instauré un marché noir reposant sur l’utilisation du Bitcoin, une monnaie électronique décentralisée.

Très peu d’informations concrètes sont connues sur le web sombre, qui résiste par sa nature même à la classification et à la quantification. Sans pouvoir déterminer avec précision la taille de la nappe profonde, on l’estime entre 5000 et 7000 fois plus grande que celle du voile surfacique.

Les curieuses nouvelles du web invisible

D’octobre 2014 à janvier 2015, une exposition suisse abritait des objets achetés par…

…un robot.

Créé par le duo d’artistes Mediengruppe Bitnik, ce robot acheteur, baptisé The Random Darknet Shopper, se procurait de façon autonome et aléatoire, des marchandises depuis le web sombre. Chaque semaine, le bot faisait ses petites emplettes dans les strates invisibles d’Internet, où il se procurait un article au hasard. En janvier 2015, la police helvète saisit le projet artistique puisque le robot avait réussi à faire livrer de l’ecstasy ainsi qu’un faux passeport hongrois à la salle d’exposition suisse.

Un événement qui remet au goût du jour la question de la limite créatrice de l’artiste et celle des conséquences de l’intelligence artificielle sur la responsabilité…

Source photo : pixabay.com