Le format AVIF, un futur standard du web ?

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Adem Duran

L’AVIF est un nouveau format d’image créé en 2019. C’est AOM (pour Alliance for Open Media) qui en est à l’origine. Penchons-nous sur ce format prometteur qui pourrait être une solution aux problèmes posés par le poids des images sur le web.

I. Alliance for Open Media

L’Alliance for Open Media est un consortium d’entreprises dans le numérique. C’est en 2015 que l’AO Media est créé par Amazon, Microsoft, Netflix, Intel, Cisco, Mozilla Foundation et Google. Le but de ce consortium est de créer un format vidéo open-source pour faire face au H.265. Cela permettra de favoriser l’innovation en évitant que certaines entreprises ne déposent des brevets ou des contrats de licence.

Au fur et à mesure des années, d’autres grands noms du numériques, tels qu’Apple, MAD ou Samsung, ont rejoint AO Media. En 2018, la première version de l’AV1 (pour AOMedia Video 1) est publiée. Elle présente de meilleurs taux de compression que ses concurrents mais consomme plus de ressources de calcul en contrepartie.

L’AV1 est de plus en plus utilisé par les géants du web. Netflix avait annoncé en février 2020 qu’il effectuerait ses premiers tests avec le codec et c’est fin 2021 que le déploiement à grande échelle a été effectif.

Twitch quant à lui souhaite une mise en place progressive. Au cours des années 2022-2023, les premières vidéos compressées grâce à l’algorithme de l’AV1 seront disponibles. Il y aura une période de cohabitation avec le H.264 et enfin une bascule vers l’AV1 uniquement.

L’AV1 est donc rapidement adoptée par les plateformes de streaming et se généralise ces dernières années.

II. Le fonctionnement de l’AVIF

Nous avons contextualisé l’arrivée du format AVIF, mais qu’en est-il de son fonctionnement ? Comment crée-t-on des images au format AVIF ?

Un codec permet d’encoder et de décoder un flux de données numériques. Lorsque l’on transfère ou stocke un fichier, il est encodé et seul ce codec sera en mesure de le décoder pour le lire.

Il peut intégrer un algorithme de compression et de décompression afin de réduire le poids du fichier lors d’un transfert, que ce soit pour le streaming, le téléchargement ou autre.

Le format d’image AVIF est créé à partir de l’algorithme de compression du codec AV1, qui est utilisé initialement pour de la vidéo.

III. Les avantages et les inconvénients du format AVIF

Le format AVIF offre pour un poids équivalent une meilleure qualité d’image. La réduction de taille de fichier médiane est de 50 %. Le format WebP permet quant à lui une réduction de taille de fichier médiane à 30 % et dans certains cas, les images sont plus lourdes que les images de référence (environ 3 % des cas).

La compression permet d’être plus rapide mais également d’utiliser moins de bande passante. Le format AVIF permet par exemple d’archiver des fichiers en utilisant moins de stockage ou de regarder des séries en streaming de meilleure qualité pour une connexion similaire. Il se présente donc comme une solution adaptée à l’Internet de demain.

Le codec AV1 est également open source, il est donc gratuit et modifiable. Par conséquent, l’AVIF est un format de fichier libre. Il comporte plusieurs fonctionnalités comme la transparence ou le HDR (High Dynamic Range).

Ce nouveau format présente donc plusieurs points positifs, faisant de lui une potentielle référence des prochaines années. Néanmoins, il y a plusieurs points à prendre en compte pour juger l’ensemble du format AVIF.

Un des points essentiels qui le freine à s’importer comme un standard est paradoxalement son codec AV1.

Nous avions vu plus tôt qu’il permettait d’avoir des taux de compression très intéressants pour le web. Néanmoins, il demanderait 10 à 15 fois plus de puissance/temps de calcul comparé au VP8 qui est utilisé par le WebP. Il présente de très bons taux de compression avec pertes. Néanmoins, la compression sans pertes de l’AVIF est devancée par ses concurrents, si bien que le WebP et le PNG obtiennent de meilleurs résultats.

De plus, l’AVIF compresse très bien les images à condition que ces dernières ne soient pas remplies de métadonnées. En effet, la présence de ces dernières peut amener à avoir une perte de performances sur le plan de la compression avec pertes.

Le format d’image ne permet enfin pas de rendu progressif (possible avec le JPEG). Il faut donc que l’intégralité de l’image soit téléchargée afin de l’afficher.

IV. Conclusion

D’une manière générale, l’AVIF est un format d’image qui est très prometteur. Le codec demande de la puissance de calcul mais il est encore en évolution et il sera très certainement amené à s’améliorer dans les prochaines années. Ce format d’image commence à se généraliser. Ceci est dû à ses taux de compression avec pertes plus performants que ses concurrents. L’AVIF présente de nombreuses similarités avec le format HEIF utilisé par Apple, ce qui est de bon augure. En effet, le WebP peinait à s’imposer en partie à cause de trop grandes différences avec le format utilisé par Apple. L’AVIF peut donc devenir un futur standard du web dans les prochaines années et remplacer le JPEG.

Sources :